Les mots de Nicolas et François
Consommer, c’est détruire. C’est même étymologiquement le sens de « consummare », faire la somme, et par extrapolation, achever, finir. On avait quelque chose, on ne l’a plus, elle est consommée, elle peut éventuellement être transformée.
Les économistes, assez vite, ont dépassé cette approche. Les dépenses de la plupart des acteurs économiques regroupent les investissements et la consommation. La somme des investissements constitue le capital, il enrichit. Mais tous les acteurs économiques ne sont pas traités au même niveau par les économistes. Les entreprises – héros des économistes – peuvent investir. Depuis peu, certains économistes pensent que les individus peuvent se comporter de la même façon. Becker parle de création de capital humain. Les individus se forment, se soignent, font du sport, ils s’enrichissent. L’État – la brebis galeuse – est, pour l’instant, le seul acteur économique qui n’ait pas cette possibilité. Ses dépenses sont comptabilisées sans discernement, le budget de l’éducation nationale s’agrége à l’augmentation de salaire du Président de la République. Le gaspillage s’associe à l’avenir de la Nation, et l’État est jugé incapable de gérer ses dépenses.
La grande révolution du XX siècle, c’est de concevoir toutes les formes de consommation comme un bienfait pour l’ensemble de l’économie. Sur le court terme, les individus s’appauvrissent, mais la collectivité s’enrichit. Keynes a, un des premiers, compris que la consommation est un flux. Lorsque l’on consomme, on achète. Un commerçant en profite, il paie son fournisseur. Celui-ci verse des salariés, qui se transforment en consommation. Et le flux continue. C’est comme cela que la consommation participe à la croissance en France. C’est même le premier levier de la croissance. Attention Nicolas
Bertrand Rothé sur Bakchich